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| Sujet: Si tu tombes, je serai là ▬ Simon. Jeu 30 Oct - 12:37 | |
| « ▬ Tu es tellement mieux chez moi. Tu as de la chance que je t'aie recueillie et que je m'occupe aussi bien de toi. Tu n'appartient qu'à moi. Je t'ai créée. » Une ambulance a déboulé derrière moi sirène hurlante, ce qui eux pour effet de me faire sortir de ma rêverie. Le type devait rouler à plus de cent cinquante à l'heure. J'ai cru que j'allais avoir une crise cardiaque. Je déteste les sirènes d'ambulance. Quand elles ne me foutent pas une trouille monstre, ce qui n'est pas très difficile en ce moment, elle me rappellent le pire moment de mon enfance et je me dis que je préférerais encore avoir une crise cardiaque. Quand j'avais douze ans, papa est allé chercher ma grand soeur Daisy à la patinoire. Plusieurs ambulances sont passé devant chez nous ce soir-là et je me souviens d'avoir monté le son de la télé pour ne plus entendre les sirènes. J'ai compris plus tard que ces sirènes hurlaient dans la nuit pour Daisy et Papa. Sur le chemin du retour, papa s'était arrêté à l'épicerie du coin et c'est quand il est reparti qu'un automobiliste bourré a griller un feu rouge et les a percutés de plein fouet. Cet enfoiré a transformé notre break en accordéon. Je me suis souvent demandé s'ils seraient toujours en vie si je n'avais pas supplié mon père de passer prendre de la glace pour le dessert. J'entends encore les hurlements de ma mère quand on a téléphoné pour l'informer de l'accident. Ensuite, elle s'est mise à boire et je la voyais rarement sans un verre de vodka. Pendant des années, je me suis dit que rien de pire que leur mort pouvait m'arriver. Grave erreur. Lentement, mais en respirant de mieux au mieux au fur et à mesure que je m'éloignais de l'ambulance, je respirais de mieux en mieux, et pu prendre un rythme de course normal. Je contournais un square pour prendre une des petites entrées latérales, menant vers le parc. Beaucoup d'enfants jouaient pour le moment. Un léger sourire s'étira sur mon visage alors que je les regardais. Ils étaient jeunes, insouciants. Je les enviais, et essayais de me rappeler ce que je vivais quand j'ai eux leur âge. Liberté. J'aurais voulu retourner en arrière, à mes cinq, six ans. Avoir pour seul soucis un goûter oublié, un retard à l'école. Tout semblait si loin désormais, si irréel. Et encore, je ne savais pas jusqu'à quel point mon futur allait se dramatiser. Mon regard s'arrêta sur un petite fille, d'environ 5 ans. Elle semblait si heureux, si pleine de vie. Un instant, je me demandais si j'aurais moi même des enfants, un jour. Je n'y avais jamais vraiment pensé... Bien sur, comme tout le monde, c'était dans mes projets futurs, mais pas tout de suite, pas avant un certain temps. C'était à des années lumières de moi. Mais d'un coup, cela venait me mettre mal à l'aise. Je chassais cette idée de mes pensées, avant de reprendre mon chemin. Comme à son habitude le parc était remplie de jeunes étudiants en train de s'échanger des mots doux sur des bancs publiques. Tout en courant dans l'herbe humide du matin, une fille qui dessinait a levé la tête, un sourire aux lèvres. J'avais oublié le prix inestimable des sourires gratuits, et puis je l'ai vue froncer des sourcils en me reconnaissant et j'ai vite détourné le regard. En prenant un chemin plein de cailloux pointus et robuste je ne fis pas attention à une branche qui avait choisie d'être sur ma route, et maladroite comme j'étais, mon pied entra en collision dedans. Avant même de comprendre ce qui m'arriva, je me retrouvai la face contre le sol. « ▬ Et merde! Quelle conne! » Je ne remarquais pas tout de suite l'ombre immense, telle une statue de marbre, qui se tenait en face de moi. Un bruit se fit entendre dans la pénombre des arbres qui nous entouraient. Un rire tonitruant, joyeux, qui fusait dans tous les sens. Il a complètement envahi le parc. Je mis quelque temps à comprendre que ce rire provenait de la statue. Tout en restant le ventre contre le sol dur et inconfortable, je levais ma tête pour m'adresser à cette ombre qui avait eux l'importunait de se moquer de moi. « ▬ Franchement il y a quoi de drôle ? tu n'as jamais vu quelqu'un tombé de ta vie pour rire comme un demeurer ? » dis-je d'une voix austère. |
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