Assise sur les marches de l'entrée, j'attendais patiemment mon père qui venait de quitter la maison en me disant qu'il allait m'acheter une belle surprise. Franchement, qu'est-ce qu'on peut être naive à 6 ans ! J'aurais du me douter, en regardant sa tête, qu'il n'allait pas m'acheter quelque chose, mais ça, je l'ai compris que bien des heures plus tard, quand ma mère m'a prise dans ses bras pour aller me coucher dans mon lit. Parce que bon, dormir sur de la pierre c'est pas génial. Maman... C'est quand que papa rentre ? A moitié endormie, j'attends donc sa réponse, espérant qu'elle me dise qu'il rentrerait dans peu de temps. Je l'entends légèrement soupirer. Bientôt mon trésor. En attendant fait de beaux rêves. Voici le premier mensonge de ma mère en ce qui concernait mon père, parce que bien entendu celui-ci n'est jamais entré. Mais comment voulez-vous dire à votre petit fille que son père a décidé de refaire sa vie loin de sa famille ? Cela n'est juste pas concevable dans la vie d'une mère. Le mensonge était donc la meilleure option pour que je ne souffre pas, du moins pas tout de suite. Après tout, quand on est enfant, on passe rapidement à autre chose et ma mère devait se douter qu'après une bonne nuit de sommeil, j'aurais oublié ce qui venait de se passer.

Que veux-tu faire dans la vie ? Je regarde mon professeur principal et réfléchis quelques secondes à cette question, question que je ne m'étais encore jamais posé. Il la posait à chaque élève de sa classe et j'avais eu l'impression que les réponses de mes camarades étaient tous... Nulles. Je voulais donc essayer de l'impressionner et de les impressionner en même temps. Et bien, je me verrais bien gymnaste, parce que j'adore ce sport et qu'on me dit que si je m'entraîne encore, je peux aller loin. Éclat de rire général venant de mes camarades et voyant la tête de mon professeur, je pouvais deviner qu'il se retenait par respect pour moi. Devenant rouge tomate, je me ratatine sur mes chaises et prie pour disparaitre dans un trou de souris. Moi qui n'avait déjà pas beaucoup d'amis, j'étais certaine d'en avoir encore moins à partir de maintenant. Je me passais lentement une main dans les cheveux, tout ne regardant me professeur qui essayait de ramener le calme au sein de sa classe. Projet très... Ambitieux et original O'Malley. Mais je pense qu'il faudrait viser moins haut. Je poussais un long soupir et lui fis un léger oui de la tête, en me disant que c'était bien la dernière fois que je disais la vérité en cours.

Affalée sur le canapé comme tout bon adolescente, je regarde une émission totalement débile plutôt que de réviser mes cours comme une bonne étudiante. Alors que j'éclatais de rire, ma mère vient se planter devant l'écran de la télévision, ce qui me fait grogner de mécontentement. Bon, je te rappelle que dès demain, je m'en vais pour plusieurs mois avec Mick pour voyager. Je plonge mon regard dans le sien, essayant de comprendre ce qu'elle venait de me dire. Quoi ? Tu ne m'en as jamais parlé !! Et pis c'est qui ce Mick encore ? Depuis quelques temps ma mère se prenait pour une vraie adolescente et enchaînait les conquêtes. Conquêtes qui restaient plus ou moins longtemps dans notre petit appartement. Elle pousse un long soupir et passe ses mains dans sa chevelure qu'elle teint tous les moins. Tu fais exprès avoue ? Cela fait deux semaines que je t'en parles et à chaque fois tu acquiesçais. Apparemment, tu ne m'écoutais pas, comme toujours. J'haussais les épaules en essayant vainement de me souvenir d'une telle discussion avec ma mère, mais je n'y arrivais pas. Et bien tu sais quoi ? Amuse-toi bien et laisse-moi assez d'argent pour pouvoir survivre, enfin si tu reviens un jour. Après tout, qui me dit que tu ne me fais pas le même coup que papa ? Sans que je comprenne comment, ma mère me met une claque dont je me souviendrai toute ma vie. Ne me compares plus jamais à ce crétin finis !! Tu as bien compris ?

Punaise, vous êtes chiants les gens ! C'est pas parce que c'est moi qui le ménage que vous devez en profiter ! Surtout que j'ai horreur de faire ça ! Je regarde mes colocataires totalement indifférents à ce que je venais de leur dire et pousse un énorme soupir en décidant de commencer à faire la vaisselle. Il faut dire qu'ils ont l'habitude de m'entendre râler au moment où je dois faire les tâches ménagères. A chaque fois, je me demande pourquoi j'ai accepté de prendre ce rôle dans l'appartement. Si j'avais su que j'aurais autant de travail, j'aurais demandé à quelqu'un d'autre de le faire. Alors que je m'attaquais aux verres qui traînaient dans l'évier depuis quelques jours, je sentis une présence dernière moi, ce qui ne me fit même pas tourner la tête. Le seul avantage de faire le ménage, c'est qu'on pouvait se défouler en astiquant tout ce qui nous tombait sous la main. Tiens, cela faisait longtemps qu'on ne t'avait pas entendu râler... Tu sais bien qu'on essaie de faire des efforts, mais c'est plus fort que nous. Je tournai la tête pour observer Cran et je lui dirai la langue telle une enfant avant de me concentrer sur ce que j'étais entrain de faire. Ce n'était pas le moment que je casse un verre et que je coupe. Cran, tu sais que tu m'énerves quand tu as raison ? Je sais que vous faites des efforts... Et puis bon, si je  ne râlais pas, sa ne serait pas drôle. Il éclata de rire et déposa un furtif baiser sur ma joue avant de retourner s'asseoir devant la télé avec les autres. Je poussais un léger soupir et secoua légèrement la tête en me disant que finalement même si je détestais faire les tâches ménagères, je ne me voyais pas vivre sans eux. Ils étaient l'une de mes raisons de vivres.

Plus haut la jambe, plus haut !! Je poussais un petit grognement pendant que j'essayais vainement de faire ce que mon professeur me demandait, sauf qu'aujourd'hui je n'y arrivais pas ! Pourquoi ? Et bien tout simplement parce que j'avais passé toute ma soirée à faire la fête, à boire et fumer, ce qui voulait dire que ce matin, mon corps ne voulait qu'une chose. Dormir. J'essaie, j'essaie... Je savais que je n'aurais pas du faire la fête, que j'aurais plutôt du dormir tôt pour être en forme ce matin. Sauf que voilà, j'adore faire la fête et me sentir planer comme tous mes colocataires. Cran me répétait assez que je devrai me méfier, que le faite que je prenne autant de drogue pourrait faire que je ne réalise jamais mon rêve. Je ne l'écoutait jamais et pourtant ce matin, pendant que j'étais entrain de souffrir le martyre, je savais qu'il avait raison, sauf que je ne l'avouerai jamais.